Redécouvrir l’animation pour adultes
- La Ligne 3
- 29 nov. 2019
- 3 min de lecture
Longtemps perçu comme médium infantile de part sa profusion de couleurs, ses leçons de morale ou ses gags, le dessin animé gagne aujourd’hui en popularité auprès du public adolescent et jeune adulte. Autrefois limité aux Simpsons ou à South Park, l’animation pour adulte renaît de ses cendres grâce au travail conjoint d’Adultswim, mais aussi de Netflix et d’une poignée d’autres producteurs. Blagues potaches, violence extrême ou thématiques sombres : nombreuses sont les libertés accordées par ce nouveau genre d’animations. Retour sur cinq d’entre elles, moins connues que Rick & Morty ou Bojack Horseman !
1) Castlevania
Inspirée de la mythique saga de jeux-vidéos de Konami, cette série animée au look emprunté à l’animation japonaise retrace l’histoire du grand Dracula et de la vengeance qu’il a promis de faire subir aux humains et à l’Eglise pour avoir exécuté sa bien-aimée. On suit alors une troupe composée à la fois de Trevor Belmont, un noble chasseur de monstres, Sypha, une religieuse dotée de prodigieux pouvoirs de sorcellerie, et d’Alucard, fils du Comte vampire lui-même.
La série est d’une violence rare et ne lésine jamais sur les détails graphiques. D’inspiration gothique, elle se situe dans un monde médiéval-fantastique où magie et créatures surnaturelles sont légions. Elle brille principalement par son style, son respect pour son matériau d’origine et son absence de censure qui lui permet une brutalité stupéfiante !

2) Moonbeam City
Parodie des séries policières des années 80, la série s’inscrit totalement dans ce regain de popularité pour cette décennie dégoulinante de synthé et de couleurs criardes. C’est d’ailleurs son plus gros point fort : cette esthétique néon qui éclate la rétine par ses étincelles et sa gestion de l’absurde et des clichés inhérents au genre. Si certains regretteront une ressemblance marquée avec la série animée Archer, les autres seront ravis de lui découvrir une sympathique alternative.
Annulée après seulement une saison, les épisodes ne se suivent pas. Mais qu’à cela ne tienne : l’humour « à l’américaine », aussi ridicule qu’imprévisible, transforme la saga en une sympathique praline entre deux séries à rallonge.

3) Superjail
Inédite dans les pays francophones (le cas de nombreuses de ces séries hélas !), la série se déroule dans une prison assez surréaliste. Remarquée pour ses couleurs presque psychédéliques et pour sa violence graphique volontairement exagérée, la série tord volontiers les règles de la physique et de la logique pour nous livrer des situations aussi loufoques que sadiques. Le cadre ultraviolent ne plaira pas à tous, mais les amateurs d’humour noir trouveront dans ce cartoon un incroyable défouloir et l’exemple parfait qui prouve que toutes les limites peuvent être dépassées par le biais de ce médium encore très expérimental

4) Ballmastrz : 9009
Sorte de suite spirituelle à Superjail (elle est également réalisée par Christy Karacas), elle en garde la plupart des codes pour la transposer dans un cadre entièrement différent ! Sorte d’étrange mélange entre « Le maître de guerre », « Rollerball » et « Superjail », la série nous place dans un futur dystopique où le nouveau loisir à la mode est un sport brutal sobrement nommé « The Game ». Ancienne gloire de la discipline, Gaz Digzy sera amenée à diriger une équipe de bras cassés et à les guider vers le sommet du palmarès… Avec la violence et l’explosion de couleurs acidulées que cela implique !
La série ne renouera sans doute pas avec les détracteurs de Superjail. Mais pour ceux qui en veulent toujours plus, ils se sentiront comme à la maison.

5) Vermin
Parce que l’animation mature n’est pas l’apanage des Etats-Unis, au contraire ! La France a longtemps été pionnière à ce niveau (notamment avec le film « Metal Hurlant »). Et c’est pour cette raison que le SVOD « Blackpills » a été créé. La série Vermin entre pleinement dans les valeurs de ce nouveau label : des épisodes très courts, un ton humoristique très caustique et un langage ordurier pleinement assumé.
Une fois encore une parodie de série policière, on y suit cette fois Chemou (interprêtée par la rappeuse Casey) et Mantos (ça ne s’invente pas), deux acolytes n’ayant aucuns atomes crochus dans une ville où le crime est partout. Ce duo haut-en-couleur est aussi instable qu’original, et pas seulement de par la nature insectoïde des protagonistes ! Le trait grossier, assez simple et un peu cradingue convient parfaitement à la série et lui donne un cachet particulier. S’il fallait la résumer, son créateur le ferait sans doute mieux que nous : « Comme Zootopie, sans la leçon de tolérance »

Bien sûr, il ne s’agit là que d’une sélection subjective. Et si la récente série « Primal », le reboot mature de « Samurai Jack » ou le succès du projet « Love, Death & Robots » prouvent le regain d’intérêt du public pour l’animation pour adulte, gageons que de nombreux autres exemples suivront bientôt !
Jeremy Kuprowski
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