Pas mon genre numéro 1 : la Neue Deutsche Härte
- La Ligne 3
- 25 nov. 2019
- 4 min de lecture
Dans la grande famille du metal, il y a des styles plus accessibles que d’autres. Si le Glam fait désormais partie intégrante de la culture « 80s » et, que bien des mélomanes s’accordent pour reconnaître l’influence de Black Sabbath ou d’Iron Maiden sur le monde de la musique avec un grand M, d’autres sont encore plutôt obscurs. Regard sur le plus allemand des sous-genres, en cinq groupes phares !
Il est de bon ton de rappeler que la Neue Deutsche Härte ne doit pas être confondue avec le metal industriel, à laquelle on l’assimile régulièrement. Si leurs caractéristiques sont très similaires tant dans les thèmes abordés que dans l’emploi d’electro, leurs origines diffèrent fortement.
En effet, la Neue Deutsche Härte comporte autant des racines musicales qu’historiques. Sorte de successeur à la « Neue Deutsche Welle » (ou Nouvelle Vague allemande, décrivant la version allemande de la New Wave et du Post-Punk), la Neue Deutsche Härte (ou Nouvelle Dureté Allemande) se veut plus brute, plus martiale et plus impactante. Elle puise également ses influences dans le Heavy Metal ou le Groove Metal. Le tout accompagné des classiques synthés et claviers qui ont fait les heures de gloire des tubes des années 80. Le surnom de « Dance Metal » ne parait pas anodin.
Des thèmes difficiles
Ces traits s’apparentent encore fortement au metal industriel américain. Mais là où la NDH diffère, c’est au niveau de ses thématiques. Style résolument allemand, les paroles parlent souvent de sexe, de violence, de guerre ou de tragédies. Profondément mélancolique, il n’y a rien d’étonnant à voir un tel sous-genre naître au sein même d’une Allemagne se remettant à peine de la chute du Mur de Berlin. Et ces paroles dures et symboliques sont chantées presque exclusivement en allemand, cas unique dans le monde extrêmement anglo-saxon du rock et du metal ! Cela en fait aussi un style résolument de niche, très méconnu en dehors des frontières de nos voisins allemands (où des festivals dédiés sont régulièrement organisés). Seul un groupe est parvenu à se hisser au milieu des pontes de la famille du metal malgré le souci de la langue : Rammstein.
Gentlemen provocateurs
Dire que l’on assiste à un concert de metal pour le show autant (si pas plus !) que pour la musique serait un doux euphémisme. Mais le vice est poussé à son paroxysme avec la NDH. Et s’il est fréquent d’entendre les fans clamer que Rammstein fût leur concert le plus mémorable, ce n’est pas pour rien ! Entre explosions, effets pyrotechniques, références graveleuses et gestuelles exagérées, la NDH compense l’apparente tristesse de ses paroles par une présence sur scène inégalable. Outre un assaut de sonorités hyper-lourdes, c’est donc une avalanche de visions parfois drôles, parfois surprenantes qui nous attend lors d’un concert de NDH. Protégez bien vos tympans !
Cinq groupes et cinq albums pour découvrir la Neue Deutsche Härte
1) Oomph – Sperm

Pionniers du genre, le trio n’a pas bougé depuis 1989. Moins connus que leurs compatriotes de Rammstein, ils n’en sont pas moins prolifiques avec treize albums, dont le dernier en date « Ritual » est sorti cette année. Incorporant davantage d’éléments gothiques à leurs morceaux, ils s’ancrent pleinement dans cette dimension plus electro du metal. L’album « Sperm », comme son nom le laisse supposer, développe beaucoup la thématique de l’amour et de la sexualité.
2) Rammstein – Mutter

Groupe germanophone ayant vendu le plus d’albums (plus de 20 millions !) et fer de lance de la NDH, leurs morceaux sont presque aussi légendaires que leurs nombreuses frasques. Habitué des polémiques et expérimentateurs, le groupe propose dans chaque album son lot de spécificités. Mutter est ainsi plus symphonique que son précédesseur Sehnsucht (qui comportait énormément de sons industriels et bruts). A noter que les projets annexes « Emigrate » et « Lindemann » sont également très bons
3) Stahlmann – Kinder der Sehnsucht

Souvent perçus comme les enfants terribles de Rammstein au vu de leur musicalité très similaire, les membres du bien-nommé « Homme d’Acier » apparaissent souvent sur scène couverts de peinture argentée, comme pour souligner la force d’un groupe se complaisant pourtant dans des paroles très sentimentales et douces, pleines de passion. Véritable distillation du meilleur de la NDH, et ayant récemment célébrés leur dix ans, ils sont plus que prometteurs.
4) Eisbrecher – Die Hölle muss warten

S’il ne fallait retenir cet album que pour un morceau, ce serait pour le splendide « Verrückt » ! Le nom « Brise-glace » n’est pas équivoque : les paroles traitent souvent du froid, de la navigation et de la guerre. Habitués des festivals (dont les nôtres !), ils préparent actuellement un nouvel album pour début 2020.
5) Schattenmann – Epidemie

Groupe le plus récent de cette sélection, il s’agit aussi de l’un de ceux qui use (et abuse !) le plus des sonorités électroniques, presque technos par moment (avec Eisbrecher). Fort de deux albums en deux ans, cette deuxième incursion de Schattenmann est provocatrice, explicite et mélodique. Rien ne vaut les titres « Schwarz = Religion » ou « F.U.C.K.Y.O.U. » pour s’en convaincre… Il y a clairement beaucoup d’ambitions et des talents en devenir pour ce tout jeune groupe.
Jeremy Kuprowski
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